L’installation Podium
représente un ensemble de rochers et de cailloux sculptés dans des planches de
piscine usagées.
Ne cherchant pas à évoquer un sport en particulier, je veux, à
travers cette installation, rendre hommage à un établissement : la piscine
publique et à sa capacité à offrir un hébergement à de multiples pratiques aquatiques.
Aux antipodes d’un lieu spécifique et élitaire, cet espace collectif accueille
des publics variés. Dans un même bassin, cohabitent et (ou) se succèdent différentes
utilisations (aquagym, natation, plongée…). Chaque usager y vient selon des
horaires d’ouvertures prédéterminés et se plie avec civisme aux multiples
règles d’utilisation du lieu. Personne n’échappe au labyrinthe des vestiaires
dont l’enchainement : cabine, casier, douche, pédiluve… demande souvent
plusieurs passages pour bien s’organiser.
Ensuite, sous la houlette d’un surveillant de baignade, les nageurs
choisissent couloirs et plongeoirs. Tous les niveaux se côtoient. Des
accessoires divers (planches, ballons, flotteurs, cales…) sont, en libre-service.
Une fois leur activité terminée, petits et grands, athlètes de haut
niveau et bébés nageurs repartent… Ils ont partagé un même lieu et en
ressortent dans le même état : lessivés, fatigués et sereins.
À l’instar des palmiers, les rochers sont des motifs fréquents qui
bordent les piscines. Représentation naïve d’un éden tropical idéalisé, ils
servent de décors et de promontoires et s’insèrent dans un environnement de
faïence et de PVC. Je souhaite jouer avec ironie de cette cohabitation entre technologie
et pseudo nature. La forme des roches renverra tantôt à la fracture consécutive
à une chute, tantôt à la lente érosion des galets, mais la couleur même des
planches, cette alternance criarde de strates bleues et blanches en proclamera
le caractère factice.